A
mbroise PARÉ
 

La mort de charles IX

« AMBROISE... JE NE SAIS CE QUI M'EST SURVENU DEPUIS DEUX OU TROIS JOURS. »

Dès le 24 août (1572), soir de la Saint-Barthélémy, et toute la journée du 25, Charles IX avait réclamé son premier chirurgien.

Après ces heures de surexcitation, le roi était dans un état dépressif grave, proche de la prostration, assailli (déjà) par le remord, en proie à une recrudescence de fièvre, troublé par d'incessantes hallucinations. Les cadavres déchiquetés des huguenots, et en particulier celui de l'amiral Coligny, de celui qu'il appelait « mon père », le hantait douloureusement. Comme le hantait ce coup de pied satisfait de chasseur devant un grand fauve abattu un peu par chance, qu'avait eu Guise, le beau Guise, sans penser que le jeune duc d'Anjou, devenu Henri Ill, aurait pour lui ce même geste dix-sept ans plus tard...

Seul Paré lui inspirait la confiance dont il avait tant besoin. Paré, un des derniers compagnons du vieux chef protestant qu'il n'avait soigné que pour le voir tomber sous le poignard des tueurs guisards. Il avait besoin de la tendre fermeté de cet homme de 62 ans qui l'avait toujours si bien soigné, et dont le calme bienfaisant était la meilleure médecine pour cet adolescent prolongé à qui le Louvre faisait maintenant horreur.

Le chirurgien avait passé toute la journée du 25 avec le jeune monarque qui venait de faire assassiner ses coreligionnaires :

Ambroise, je ne sais ce qui m'est survenu depuis deux ou trois jours, mais je me trouve l'esprit et le corps grandement ému, voire tout ainsi que si j'avais la fièvre, me semblant à tout moment, aussi bien veillant que dormant, que ces corps massacrés se présentent à moi, les faces hideuses et couvertes de sang. »

Peu à peu le roi s'était calmé, dormant un peu mieux, quoique toujours peu. Sur les conseils de son entourage, il retrouva la chasse avec davantage de frénésie encore, sonnant du cor à matinées entières, à la limite de la folie. Et après ces interminables galops, les après-midi l'épuisaient davantage par ces excès érotiques qui avaient déjà hâté la mort de son frère François II... Toutes ces femmes transformaient ce lit, dont elles espéraient tant, en cercueil !

Après l'amélioration de l'automne, décembre avait vu revenir ces hémoptysies qui l'épargnaient depuis quelque temps. Seuls l'immobilité et le calme auraient pu le soulager. Mais il chassait en plein hiver et aux morsures du froid succédaient sans transition les feux brûlants des cheminées qui sapaient ce tuberculeux au bien étrange régime...

Puis des crachements de sang de plus en plus fréquents commencèrent à inquiéter (quand même) ses médecins.

Vers les jours gras de 1574 se propagèrent des rumeurs de complots contre la personne du roi. Les partisans de son frère Henri et du roi de Navarre voulaient l'empoisonner avec l'accord tacite de la reine mère. Ce qui, vrai ou faux, n'était pas fait pour arranger son état.

Sa colère aggrava son mal et Vincennes remplaça Saint-Germain.

Vincennes, la vieille forteresse, triste mais sûre, paraissait le meilleur refuge contre les ennemis dynastiques et... la maladie ! Les Parisiens ne jouaient-ils pas en effet sur les mots Vincennes = vie saine ?

Pourtant la demeure était fissurée et il fallait multiplier les braseros pour lutter sans grand succès contre le printemps glacial. Le roi suivait enfin les conseils de ses plus éclairés médecins et gardait le lit, se reposant un peu. La fièvre était devenue continue, il respirait mal et ses yeux cernés paraissaient plus grands dans le visage creusé dont les pommettes anormalement rouges accusaient la pâleur.

Le roi mourait de soif et frissonnait dans sa grande fièvre.

Ce qui n'empêchait l'illustre Mazille, son premier médecin, d'être persuadé d'un progrès rapide : ce n'était que le baroud d'honneur d'une fièvre qui bientôt ne serait plus qu'un mauvais souvenir.

Paré, seul, avait senti l'inéluctable issue. Mais son avis ne comptait pas il n'était que chirurgien et, par décret, un chirurgien ne pouvait s'occuper de médecine sans risquer l'infraction, et la fièvre était partie du domaine réservé...

Le 27 mai, le roi, épuisé par des souffrances qui, désormais, ne lui laissaient plus de répit, réclama un "allègement". Le premier médecin lui annonça gravement que la Faculté avait longuement délibéré la veille et remis l'affaire aux bons soins du Père Éternel.

La maladie royale n'était plus du ressort de son incompétence...

Pendant la messe, on courut prévenir la Florentine : le roi était agité de frissons et secoué par des vomissements qui lui faisaient réclamer ce que la Faculté lui conseillait opiniâtrement depuis quelque temps déjà : des prières. A midi, il perdait connaissance et à 13 h 30, l'avant-dernier Valois était mort. Le corps appartenait maintenant à Paré qui l'autopsia dès le lendemain, avec présence obligée des magistrats. D'autant que par la force de l'habitude, on parlait de poison

La "commère" Brantôme qui passait dans la cour, avait croisé Paré sortant de l'autopsie. Connaissant les bruits qui couraient, il s'empressa aux nouvelles... pour se faire rebuter sèchement. Le premier chirurgien lui répondit « sans longs propos » (ah ! l'euphémisme !) que les bavards perdaient leur temps et que le roi était mort d'avoir trop sonné du cor !

Ce qui était partiellement vrai. Mais aussi pour avoir hébergé des bacilles de Koch un peu trop turbulents...

L'autopsie et l'embaumement étaient une véritable cérémonie soumise à un protocole très précis : en plus des 19 médecins et chirurgiens, devaient être là le premier gentilhomme, le maître de la garde-robe et les premiers valets de chambre. Le corps, déposé sur une table d'apparat, était recouvert d'un linceul et Mazille commandait en chef les opérations au plus fin bistouri de France ! Lui qui n'avait jamais tenu une lame, indiquant les différentes phases en vertus de préceptes écrits le plus souvent par des gens qui n'avaient jamais disséqué un cadavre humain.

Ayant constaté de visu l'état des viscères exempts de poison, les témoins ne s'éclipsaient même pas pour l'embaumement où leur présence avait pour seul effet de compliquer la tâche de l'opérateur en provoquant un facheux tohubohu dont Paré s'est toujours plaint. Mais il fallait absolument profiter de "l'aubaine", l'événement n'ayant lieu que trois ou quatre fois par siècle, rythme très inférieur à celui des disgrâces...

Le procès-verbal ne laisse aucun doute sur les causes de la mort. Le malheureux n'avait pas besoin de poison pour laisser la place à son frère : « Le poumon gauche (est) tellement adhérent aux côtés jusqu'aux clavicules qu'on ne peut l'en détacher sans le rompre et le déchirer : sa substance est toute pourrie... » !

Le roi avait succombé à une pleurésie consécutive à une pneumonie tuberculeuse.

Paré perdait un de ses plus attachants malades et, si son successeur le confirma dans ses charges et titres, jamais leurs relations ne dépasseront la stricte chirurgie. Il fallait pour plaire au dernier Valois, le seul bien portant d'ailleurs, d'autres "qualités"...

Ses rapports avec "son" dernier Valois allaient être très différents bien que Henri III l'ait confirmé dans tous ses titres et charges.

D'abord Paré vieillit et sa défiance de la cour ne fait que s'aggraver, s'ajoutant au fait qu'il préférait un roi bricoleur passionné à un roi fanatique de bilboquet ! De plus, Henri a comme partout des favoris - honni soit qui mal y pense 1 - Excessif en tout et d'une prodigalité qui videra les caisses du trésor, il couvre d'or certains de ses médecins, mais pas les chirurgiens, préférant les belles lettres à l'habileté professionnelle. D'ailleurs, se portant bien, il peut s'offrir le luxe de les aimer.

Il se prend d'une véritable passion pour la famille Duret, marie la fille, la conduit lui-même à l'autel et lui donne la vaisselle d'or et d'argent utilisée au repas qu'il avait payé ! Louis Duret s'asseyait toujours à la table du roi infiniment sensible à son immense culture : fils d'un gentilhomme ruiné, il savait Hippocrate par coeur, lisait les Arabes dans le texte, bref enchantait le charmant Valois qui se plaisait à répéter : « Si j'avais un fils je le confierais à vos soins ». Duret tenait en somme la place de Paré auprès de Charles IX. Place unique...

Ses livres l'accaparent davantage et le plus souvent, il fait opérer ses élèves sous sa direction. Lors de l'assassinat du roi, le ler août 1589, il est bloqué à Paris et ne le soignera ni ne l'autopsiera. Il ne verra jamais non plus son successeur en quête d'un trône et d'un peuple : en décembre 1590, il laissera une succession impossible...

Pour Paré - comme pour nombre de ses contemporains - Dieu est d'abord, avant que d'être Sagesse ou Providence, « le grand Architecteur ». Conception qui avait pour ces fils spirituels et scientifiques d'Aristote l'avantage de faire coïncider sans distorsions la révélation judéo-chrétienne et la pensée du stagyrite.

Ils étaient en cela les héritiers fidèles de ce Moyen Age qui, pendant plusieurs siècles, avait essayé de rendre presque canonique la pensée du païen Aristote Opération facilitée par l'imprécision foncière - et pour cause ! de l'identité ou tout au moins de la nature exacte de cette force organisatrice rationnelle.

Une demi-douzaine de fois, et dès la préface, il emploiera cette expression alors tant en honneur. Ce grand Architecteur (le A majuscule est de Paré) est « ... facteur de l'Univers », « Maître ouvrier de notre corps », encore ... facteur de toutes choses » et, dans son livre de la peste, après avoir épuisé les signes qui annoncent le terrible fléau dans le monde animal et végétal, à court d'information, il renvoie pour plus ample information son lecteur à ce toujours grand Architecteur « ... duquel les trésors de science et de sagesse sont cachés, et nous les manifestera quand bon lui semblera ». Dont acte !

Il n'est pas le seul à utiliser cette expression qui fera surtout fortune dans le monde la littérature plus que dans celui de la science, littérature dont la boulimie de métaphore ne se calmera que tard dans le siècle.

Maurice Scève sera plus poétique bien sûr dans sa Délie :

"L'Architecteur de la Machine Ronde

Multipliant sa divine puissance,

Pour enrichir la pauvreté du monde

Créa François d'admirable prestance. "

 

et dans son Microcosme :

"Tout sur le vuel et guin du grand Désignateur

De si haute fabrique et seul Architecteur. "

 

Quant au charmant Olivier de Magny, l'ami de du Bellay, il supplie « l'Architecteur de terre et ciel qui l'humain illumine, de mon esprit le vrai protecteur ».

Mais ce qui a parfois des allures de "tic" de plumitifs prend chez Paré des résonances autrement profondes et sincères.

Il précisera sa pensée dans toute son ceuvre. Dans ce monde parfaitement organisé à son début et dont les "imperfections" actuelles ne sont que grains de sable jetés dans les engrenages de la grande machine par l'homme, règnent la Sagesse et la Providence, "qualités" complémentaires et indispensables à l'architecte pour maintenir son édifice.

Sagesse dont l'évidence ne saute pas toujours aux yeux, mais que lui, Paré, se charge de révéler à l'esprit inattentif. Ainsi la prétendue faiblesse de l'homme, nu et désarmé, plongé dans un monde hostile, ne résiste pas à l'analyse paréenne : « ... ce grand dieu est grandement à admirer, qui n'a point attribué à l'homme certaines commodités comme il a fait aux animaux, sachant que la sapience lui pouvait rendre ce que la condition de nature lui avait dénié... il est pour son grand profit et avantage armé d'entendement et vêtu de raison, non pas dehors mais par dedans, a mis sa défense non au corps mais à l'esprit... »

Et il n'est pas loin de penser, comme « certains sages d'Égypte » que l'homme « est un dieu terrestre, animal divin, et céleste,... seigneur des choses inférieures, familier des supérieures, et finalement miracle de la nature... ».

Aussi se réjouit-il (doublement car il rejoint alors Galien !) de ce que dans le corps humain rien ne soit fait « témérairement, mais avec grande industrie et artifice, par la sagesse admirable du divin et grand architecte, le Dieu vivant, sans qu'aucune chose y soit superflue ou manque ».

Cette perfection de la "nature" découle directement du fait que « Dieu est le principe et cause des causes moyennes, sans laquelle les causes secondes et inférieures ne peuvent produire aucun effet, mais sont conduits et adréssés par la volonté secrète et conseil privé d'icelui... ».

Il ajoute : « il ne faut que nul soit si hardi et plein de rage de vouloir arracher Dieu, qui est la souveraine cause de toutes choses, aux causes secondes et inférieures, et à ses créatures, où à la première disposition que lui-même a baillé, et serait ravir à Dieu ce titre de Tout puissant et lui oter la liberté de ne plus rien changer et disposer autrement qu'il n'a fait du commencement comme si l'ordre qu'il a établi le tenait sujet et lié, sans qu'il peut (sic) innover ».

« la préservation gît plus en la providence divine... »

Mais cette toute-puissance ne doit surtout pas provoquer chez l'homme un fatalisme non actif du type "inch allah" ! L'étonnant même est que cette certitude d'un déterminisme - qu'importe qu'il soit vrai ou faux - débouche sur une thérapeutique aussi méticuleuse ! Car pour Paré, comme pour La Fontaine, « Aide-toi et le Ciel t'aidera ». Mais de toute façon, quelle que soit l'issue du traitement, la modestie du chirurgien doit être aussi infinie que la toute-puissance de Dieu. C'est sous une forme différente, l'affirmation cent fois répétée du très fameux : « Je le pansai, Dieu le guérit. » Formule lapidaire, mais qui justement fait trop formule et que les 700 pages des oeuvres complètes éclairent et répètent inlassablement.

Que le jeune chirurgien applique les méthodes « profitables » et évite les « nuisibles », soit, mais il lui faudra reconnaître « que la préservation gît plus en la providence divine qu'au conseil du médecin ou chirurgien ».

Pourtant cette rigueur doctrinale n'est pas sans connaître quelques défail­lances, peut-être plus textuelles que conceptuelles, mais qui n'en sont pas moins révélatrices sinon d'un trouble du moins d'une ambiguïté difficilement réductible. On trouve en effet, associée à ce Dieu omnipotent, une Nature qui n'est peut-être qu'un mot, une facilité d'écriture pour désigner l'action définie et voulue, la volonté "réalisée" de Dieu. Ce qui importe en l'occur­rence, c'est que ce presque lapsus, s'il n'est pas très fréquent, est suffisam­ment constant pour que l'on y voit précisément, plus qu'un lapsus, l'expression de la tradition hippocratique que Paré plus que tout autre essayera de conci­lier avec son indiscutable foi et son obéissance fascinée aux textes bibliques, les seuls qu'il ne discutera jamais. « Dieu et Nature font souvent choses admirables » dont l'intervention « commune » infirme parfois les diagnostics les plus justement pessimistes.

Mais dans ce mariage de raison, Dieu garde la préexcellence de façon indis­cutable, bien entendu. Paré qui tient dans ce siècle sans mesure un juste milieu entre un Paracelse qui brûle solennellement les livres d'Hippocrate, Galien et autres caciques, et Duret qui les apprend par coeur, fera céder les grands anciens devant ses critères de croyant. Le texte le plus explicite qu'il nous ait laissé à ce sujet est certainement ce passage de son livre Des com­bustions et gangrenes où après avoir épuisé tous les arguments techniques contre les défenseurs de la cautérisation après amputation, il exhorte le jeune chirurgien avec une véhémence qui ne lui est pas coutumière, de ne plus dire (et faire) « je l'ai vu faire à mes vieux pères et maîtres, suivant la pratique desquels je ne puis aucunement faillir. Ce que je t'accorde si tu veux enten­dre ton bon maître Galien... et ses semblables, mais si tu le veux arrêter à ton père et à tes maîtres pour avoir licence de mal faire, y voulant toujours persévérer, ainsi même que l'on fait quasi ordinairement en toutes choses, tu en rendras compte devant Dieu et non devant ton père ou tes bons maîtres praticiens qui traitent les hommes de si cruelle façon ».

La perspective de cette fin suprême qui reste pour lui la préoccupation numéro un l'a donc rassuré pleinement sur le bien-fondé de ce qui a fait sa gloire - la ligature des vaisseaux après amputation. Et assurant pleinement son humanité propre, affective, elle le renforce constamment dans une pra­tique que l'ordre établi critiquera toute sa vie et qui sera perdue à nouveau après sa mort. Que lui importe alors le tribunal humain puisqu'il se sait acquitté en très haut lieu ?

Dans l'optique paréenne, ce Dieu qui est le Dieu d'Abraham et de Moïse, s'il reste quand même moins terrible que Yaveh, est bien celui qui châtia des neuf plaies les Egyptiens. La maladie est le moyen privilégié de faire connaître son mécontentement à ses créatures défaillantes.

Par-delà les causes physico-chimiques et organiques des désordres de la santé, c'est le doigt du Père Eternel qui est à l'origine de tous les maux, surtout dans le cas de deux grands fléaux du xvie : la peste et la syphilis. Le coUpable étant toujours puni par oü il a péché, la syphilis est l'avertissement (avec frais !) envoyé aux paillards, tandis que la peste est une sommation non spécialisée (puisqu'elle atteint aussi les enfants, problème qu'il escamote complètement !).

Nier ou tout simplement mettre en doute l'action divine directe, c'est être tout bonnement athée. Et à ce sujet, sa pensée, parfois assez floue, est d'une précision rigoriste, ne souffrant pas la discussion : « c'est une chose résolue entre les vrais chrétiens, auxquels l'Eternel a révélé les secrets de Sapience que la peste et autre maladie qui adviennent ordinairement aux hommes procèdent de la main de Dieu, ainsi que le prophète nous enseigne » et il précise constamment « maladie venant de l'lre de Dieu ».

Devant ce fait indiscutable « il ne faut attribuer les causes de la peste aux choses prochaines à l'exemple des Lucianistes, Naturalistes et autres infidèles ». Les sources ? la Bible bien sûr « c'est la main de Dieu qui par son juste jugement darde du ciel cette peste et contagion pour nous châtier de nos offenses, selon la menace qui est contenue en l'Ecriture »... C'est la même main qui envoie la manne et le bacille de Hensen ! Il lui faut une page entière de citations pour armer son argumentation qui s'achève par un exorde surprenant, plus à sa place dans un manuel d'édification que dans la somme médicale du siècle (mais n'est-ce pas dans un livre de théologie que Servet annonce le schéma de la petite circulation ?). En citer un seul est les citer tous, le ton et l'évidente sincérité se répéteront sans se modifier : « tirons le remède et guérison en regardant vers le fils de Dieu Notre Seigneur Jésus Christ : lequel ne guérit pas seulement le corps des infirmités et maladies mais nettoie l'âme de tout péché et ordure ». Mais cela encore une fois ne lui fait pas négliger la "curation" car si Dieu a, par définition, le pouvoir de châtier, il a laissé à l'homme le devoir de se défendre, c'est-à-dire de se soigner. Les oiseaux du ciel ne sèment ni ne moissonnent... et pourtant la Providence veille à leur subsistance. Paré, lui, prend tout de suite sa charrue et son sac de grain sans plus attendre ! Trouvant encore une fois dans les textes la justification de son attitude « le Seigneur a donné aux hommes la science de l'art de Médecine pour se glorifier en ses merveilles ».

Son oraison terminée, Paré se met au travail : 50 pages pour le diagnostic et la thérapeutique contre deux à l'origine divine...